La localisation de jeux vidéo, un enjeu clé du succès international

Le jeu vidéo, un passe-temps de plus en plus populaire

En 2023, le marché du jeu vidéo a représenté un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros[1], soit une hausse de près de 10 % par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, le nombre de joueurs semble lui aussi en augmentation : selon le baromètre annuel du jeu vidéo en France, publié par le SELL, pas moins de 38,3 millions de personnes auraient joué à un jeu vidéo en 2023, l’équivalent de 70 % de la population.

Cet intérêt grandissant pour ce type de divertissements amène inévitablement les éditeurs à les traduire afin de toucher un maximum de personnes à travers le monde. Dans ce domaine, on parle de « localisation ».

La traduction d’un jeu vidéo dans la langue maternelle des joueurs permet de renforcer leur immersion et donc d’améliorer leur expérience globale.

Comment localise-t-on un jeu vidéo ?

Il convient en premier lieu d’analyser le contenu à traduire. On distingue les éléments dits « textuels », à savoir l’interface, les récits, les dialogues, les éléments audio (par doublage ou sous-titrage, en fonction du budget du jeu), des éléments paratextuels, qui désignent tous les contenus qui accompagnent le jeu sans y être directement intégrés (manuels d’utilisation, packaging, sites Web associés, etc.). Cette analyse permet de déterminer l’ampleur du projet et de planifier les ressources nécessaires.

Vient ensuite l’étape centrale de la traduction. Les traducteurs vont devoir adapter le jeu en fonction des spécificités culturelles des joueurs. Elle ne consiste pas seulement à transposer un texte d’une langue à une autre, mais à adapter les contenus aux spécificités culturelles, linguistiques et parfois même légales du pays cible. Cela implique de nombreuses prises de décision : faut-il conserver les noms propres ? Peut-on faire référence à des éléments culturels locaux ? Un bon exemple est celui de l’humour ou des jeux de mots, qui ne peuvent être traduits littéralement et doivent souvent être recréés pour préserver leur effet.

Enfin, une fois la traduction terminée, le contenu localisé doit être rigoureusement testé afin d’éviter les erreurs qui pourraient nuire à l’expérience de jeu. C’est l’étape de validation linguistique, aussi appelée LQA (Localization Quality Assurance). Les testeurs en localisation jouent au jeu en conditions réelles afin de détecter les éventuelles erreurs de traduction, les problèmes d’affichage ou les maladresses culturelles qui auraient pu passer inaperçues jusqu’ici. Ces retours permettent d’ajuster la traduction avant la sortie officielle du jeu.

Les défis de la localisation

L’une des difficultés majeures de la localisation de jeux vidéo réside dans l’absence de contexte. Si le traducteur ne dispose pas des informations nécessaires, il peut s’avérer compliqué de déterminer si les personnages se tutoient ou se vouvoient, à quel genre accorder la phrase, etc.

Autre contrainte : le support numérique impose généralement des limitations de caractères, qui visent à ce que le contenu apparaisse correctement à l’écran et ne dépasse pas de l’espace qui lui est alloué. Hors, pour un texte traduit de l’anglais au français, le coefficient de foisonnement, c’est-à-dire de l’augmentation du volume de texte liée au changement de langue, est de +15 à 20 %.

Enfin, la traduction arrivant en fin de chaîne, les délais sont parfois (très) serrés et les budgets restreints.

 

À l’heure où le jeu vidéo s’impose comme un pilier de l’industrie culturelle mondiale, la localisation est bien plus qu’une simple traduction : elle est un levier essentiel pour toucher un large public et garantir une expérience de jeu fluide et immersive. Bien menée, elle permet à un jeu de franchir les frontières, de séduire de nouveaux marchés et de s’imposer durablement à l’international.

[1] SELL, Essentiel du jeu vidéo 2024, mars 2024. Disponible sur : https://www.sell.fr/sites/default/files/essentiel-jeu-video/ejv_mars_2024_2.pdf